Le chamanisme considère que les personnes, animaux, plantes et lieux sont reliés entre eux, dans l'instant mais également dans le temps : c'est la toile du Wyrd.
C'est une conception ancienne du monde, remise au goût du jour par la théorie du chaos, par exemple.

A la suite de savants comme Newton et Laplace ("nous devons donc envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur et comme cause de celui qui va suivre"), la vision du monde a été un moment déterministe. Cette conception s'est complétée avec la redécouverte du hasard, les comportements hasardeux étant rapprochés de la loi des grands nombres, évoquée dès 1837 par Poisson ("Les choses de toutes natures sont soumises à une loi universelle qu'on peut appeler loi de grands nombres" -Recherche sur la probabilité des jugements- ). Mais "Une cause très petite qui nous échappe, détermine un effet considérable que nous ne pouvons pas ne pas voir, et alors nous disons que cet effet est du au hasard" (H. Poincaré) : c'est la "sensibilité critique aux conditions initiales", base de la théorie du chaos, dont un exemple connu est "l'effet papillon" (un battement d'aile peut provoquer...etc.).

Celui qui voit

L'univers est en perpétuelle expansion. La Toile est filée par les Soeurs du Wyrd. Originellement, la fileuse était unique avec trois rôles, puis s'est opérée une assimilation avec les Parques : les Soeurs du Wyrd sont trois, avec chacune un rôle spécifique :

 Celle qui fût ( Urd) ;
 Celle qui devient , c'est-à-dire le présent (Verdandi) ;
 Celle qui peut être (Skuld).

Le chaman (ou la chamanesse, bien sûr. Pour plus de commondité, le terme générique chaman est utilisé pour la suite) a le pouvoir de s'élever, en esprit, pour voir le dessin général de la toile.
On notera la notion de déterminisme : une cause produit un effet. On notera également que Skuld est "Celle qui peut être", et non pas "Celle qui sera". Chacun a son libre-arbitre, et peut modifier le devenir de la Toile, volontairement ou non. De façon plus locale et ponctuelle, le chaman perçoit mieux que quiconque les relations de cause à effet et peut "interpréter les signes", sans qu'il y ait besoin de transe,

Illustration

Notre oeil ne perçoit qu'une faible partie des longueurs d'onde (de quatre dixièmes de millième - lumière bleue - à huit dixièmes de millième de millimètre - lumière rouge - : il est adapté à la lumière solaire. Nous ne percevons pas les rayons gamma, X, les ultraviolets, les infra-rouges, les ondes radio... Pourtant, c'est de la lumière. Qui existe. Votre four à micro-ondes en produit ; votre téléphone l'utilise. Vous n'avez pas le pouvoir d'utiliser les photons dont la longueur d'onde est d'une dizaine de centimètres, mais votre portable oui. Imaginez que vous le puissiez...

Ces substances sont soit des poisons violents et mortels, soit des psychotropes proscrits par la loi. N'envisagez donc aucune expérimentation, ou alors prévenez le SAMU avant toute ingestion.
Si vous avez du pouvoir, la seule prise de conscience de ce pouvoir, accompagnée de pratiques simples de concentration et de méditation sera suffisante. Pas pour vous faire voyager, mais pour le moins accroître votre perception de façon significative.

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Les artistes -peintres, poètes, musiciens...- parviennent à nous parler au-delà des mots, à nous faire ressentir des perceptions, que nous partageons, sans vraiment pouvoir les expliquer.

Par exemple, ce poème de Baudelaire s'intitule Correspondances. Ne s'agit-il pas de l'intuition des liens de la Toile ? Ces correspondances ne sont-elles pas le ressenti des fils du Wyrd ?
La Nature est un temple : le Wyrd n'est pas à proprement parler une religion, mais il s'agit néanmoins d'un système de croyances, de rites et pratiques.
Les paroles sont confuses : le poète ressent les connections, les messages d'une réalité autre, mais sans pouvoir réellement les interpréter.
Les vivants piliers nous renvoient à la mythologie des arbres, ces liens vers les cieux.
Les symboles, les signes à interpréter sont omni-présents (des forêts): quel dommage de passe[r] à travers, de les ignorer...
Omni-présents, les esprits ont pourtant des regards familiers : nous ressentons confusément leur présence : ils nous accompagnent sur la Toile que les Soeurs du Wyrd tissent, la Toile qui a l'expansion des choses infinies.
Les esprits, comme les pratiques, peuvent être bénéfiques (Doux comme les hautbois) ou maléfiques (corrompus, riches et triomphants)... Pour le chaman qui voyage sur les terres des esprits (les transports de l'esprit et des sens), la prudence est de mise...