|
|
Le témoignage de Heinrich Brugsch-Pacha L'égyptologue Heinrich Brugsch-Pacha se spécialisa dans l'étude de l'écriture démotique de l'Égypte antique. Il parle de ses travaux et souvenirs dans son livre «Ma vie et mes voyages» et écrit : « Ce travail me passionnait. Chaque découverte que je faisais me plongeait dans une joie profonde. Mes recherches étaient facilitées par une grande documentation que j'avais rassemblée au cours de mes nombreux voyages. Je vivais dans un perpétuel enchantement qui influait sur mon système nerveux et provoquait les visions les plus extraordinaires. L'une d'elles, particulièrement étrange, se reproduisit plusieurs fois. C'est pourquoi je tiens à la décrire. Je passais des nuits entières devant une inscription pour tâcher d'en fixer la prononciation, pour trouver la signification grammaticale d'un signe ou d'un groupe de mots. Êreinté, je m'allongeai un soir sur mon lit qui se trouvait dans mon cabinet de travail et m'endormis profondément. Je continuai alors mes recherches en rêve et trouvai subitement la solution tant cherchée. Je sautai hors de mon lit et l'écrivis sur une feuille de papier, puis me recouchai pour dormir jusqu'au matin. Je fus fort étonné, en m'éveillant, de trouver devant moi un papier sur lequel était clairement notée la solution de l'énigme. Je me rappelais bien le rêve, mais me demandai en vain comment j'avais pu écrire des phrases entières, parfaitement lisibles, dans la plus complète obscurité.» Le rêve de l'égyptologue se renouvella maintes fois, et la solution ainsi trouvée s'avèra toujours exacte. Il raconte en avoir été tout ahuri, et commença à avoir peur de lui-même. |
L'expérience de Niels Bohr Niels Bohr, le savant connu pour la théorie atomique qui porte son nom eut, lui aussi, un rêve étrange, alors qu'il était encore étudiant. Il cherchait depuis longtemps la solution d'un problème, lorsqu'il s'endormit et se vit soudain transporté sur un Soleil de gaz brûlant, d'où il pouvait observer la Terre. Des planètes passaient rapidement devant le Soleil. Elles étaient reliées à celui-ci par de minces filaments et tournaient autour. Soudain, le gaz sur lequel il croyait être se solidifia et le Soleil et les planètes se réduisirent. Les planètes tournaient autour du Soleil à une vitesse prodigieuse. C'est ainsi que, selon le célèbre savant, fut faite la découverte de sa théorie atomique. |
![]() |
![]() |
L'expérience de Duisbourg Un autre savant, Carl Duisbourg, attaché au laboratoire de Bayer et Cie, inventeur d'un grand nombre de matières colorantes et de combinaisons chimiques, eut aussi, une nuit, un rêve très significatif. Il produisait, d'une façon très définie, une matière colorante bleue, lorsqu'un ami le réveilla à l'improviste. L'image de son rêve ne s'effaça pas et il le décrivit immédiatement. Sans hésiter, il commença le lendemain des expériences précises et prépara les solutions chimiques exactement comme il les avait rêvées. Duisbourg découvrit ainsi une nouvelle matière colorante dont l'exploitation rapporta des millions. |
L'expérience de Kekulé von Stradonitz Le chimiste Auguste Kekulé von Stradonitz, qui a beaucoup contribué au développement de la chimie au xix~ siècle, fit, pendant un rêve, une découverte capitale. Il raconta sa mésaventure dans un discours prononcé à l'occasion du jubilé de la découverte de la théorie du benzol. « Lors d'un séjour prolongé que je fis à Londres, je passai plusieurs soirées à Islington, chez un ami. Nous nous entretenions généralement de problèmes de chimie. Un soir d'été que je somnolais sur l'impériale de l'omnibus qui me ramenait chez moi, je vis les atomes défiler devant mes yeux. Je les avais souvent surpris en mouvement, mais n'étais jamais parvenu à définir exactement ce mouvement. Le soir en question, je vis nettement comment, de toutes parts, les atomes s'unissaient en couples qui étaient entraînés par des groupes plus importants, attirés eux-mêmes par d'autres plus puissants encore, et tous ces corpuscules tourbillonnaient en une ronde effrénée; je passai une partie de la nuit à transcrire la vision de mon rêve. La théorie de la structure était trouvée. « Il en fut de même pour la théorie du benzol. Pendant mon séjour à Gand, j'habitais dans la rue principale. Mon cabinet de travail, donnant sur une impasse, était sombre. C'est là qu'un jour, au cours d'une somnolence, je vis de nouveau les atomes jongler devant mes yeux. Mais cette fois, les petits groupes se tenaient discrètement à l'écart. Mon cerveau, habitué à de telles images, distingua alors des groupes plus importants de formations variées. De longues rangées étroitement combinées tournaient et avançaient par des reptations lentes, et je vis bientôt l'un des serpents saisir sa propre queue et cette création se mit à tournoyer devant mes yeux. Je fus réveillé comme par un éclair. Cette fois encore, je passai le reste de la nuit à rechercher les conséquences de l'image du rêve.» |
![]() |
|