Le symbolisme des cheveux



La perte de cheveux (comme de dent) est néfaste et présage la mort d'un ami. A l'inverse, rêver d'une belle tresse de cheveux prédit une demande en mariage, prétend-on.

Un songe dans lequel on se voit en train de se peigner indique que la générosité dont on a fait preuve va provoquer des soucis. BB Si on a les cheveux inextricablement emmêlés, de graves difficultés familiales menacent. Rêver que l'on se coupe les cheveux très courts annonce des dépenses irréfléchies, et rêver que l'on porte des fleurs multicolores dans la chevelure correspond à des désirs luxurieux.

Symbole de féminité
Chez une femme, la perte des cheveux traduit habituellement l'inquiétude que lui cause l'approche de la ménopause et, parfois, la crainte de perdre sa féminité.

Dans ce cas, votre rêve signifie peut-être...

Se couper les cheveux, toujours pour une femme indique une déception amoureuse ou un conflit intérieur, engendré par le partenaire.

Miniature indienne du XVII°

Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose (1869) Laisse moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco..
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques, il me semble que je mange des souvenirs.

Force vitale
Les cheveux, où siège une partie de la force vitale, et qui restent, même détachés du crâne, reliés magiquement à l'individu, sont, à égalité avec les rognures d'ongles*, le support le plus efficace pour les opérations de magie et de sorcellerie. On considère un peu partout dans le monde qu'il ne faut pas laisser traîner ou jeter n'importe où ceux que l'on vient de couper ou qui tombent naturellement.

Dans ce cas, votre rêve signifie peut-être...

Chez un homme, la perte des cheveux peut exprimer sa peur de vieillir précocement et d'exercer un ascendant beaucoup plus faible sur les femmes.

Renoir Vraiment, pendant huit jours, j'adorai ce meuble. J'ouvrai à chaque instant ses portes, ses tiroirs; je le maniais avec ravissement, goûtant toutes les joies intimes de la possession.

Or, un soir, je m'aperçus, en tâtant l'épaisseur d'un panneau, qu'il devait y avoir là une cachette. Mon cœur se mit à battre, et je passai la nuit à chercher le secret sans le pouvoir découvrir.

J'y parvins le lendemain en enfonçant une lame dans une fente de la boiserie. Une planche glissa et j'aperçus, étalée sur un fond de velours noir, une merveilleuse chevelure de femme !

Oui, une chevelure, une énorme natte de cheveux blonds, presque roux, qui avaient dû être coupés contre la peau, et liés par une corde d'or.

Je demeurai stupéfait, tremblant, troublé ! Un parfum presque insensible, si vieux qu'il semblait l'âme d'une odeur, s'envolait de ce tiroir mystérieux et de cette surprenante relique.

Je la pris, doucement, presque religieusement, et je la tirai de sa cachette. Aussitôt elle se déroula, répandant son flot doré qui tomba jusqu'à terre, épais et léger, souple et brillant comme la queue en feu d'une comète.

Une émotion étrange me saisit. Qu'était-ce que cela ? Quand ? comment ? pourquoi ces cheveux avaient-ils été enfermés dans ce meuble ? Quelle aventure, quel drame cachait ce souvenir ? Qui les avait coupés ? un amant, un jour d'adieu ? un mari, un jour de vengeance ? ou bien celle qui les avait portés sur son front, un jour de désespoir ?

Était-ce à l'heure d'entrer au cloître qu'on avait jeté là cette fortune d'amour, comme un gage laissé au monde des vivants ? Était-ce à l'heure de la clouer dans la tombe, la jeune et belle morte, que celui qui l'adorait avait gardé la parure de sa tête, la seule chose qu'il pût conserver d'elle, la seule partie vivante de sa chair qui ne dût point pourrir, la seule qu'il pouvait aimer encore et caresser, et baiser dans ses rages de douleur ?

N'était-ce point étrange que cette chevelure fût demeurée ainsi, alors qu'il ne restait plus une parcelle du corps dont elle était née ? Elle me coulait sur les doigts, me chatouillait la peau d'une caresse singulière, d'une caresse de morte. Je me sentais attendri comme si j'allais pleurer.

Je la gardai longtemps, longtemps en mes mains, puis il me sembla qu'elle m'agitait, comme si quelque chose de l'âme fût resté caché dedans. Et je la remis sur le velours terni par le temps, et je repoussai le tiroir, et je refermai le meuble, et je m'en allai par les rues pour rêver.

Guy de Maupassant, La Chevelure, nouvelle de mai 1884, Contes et nouvelles de Maupassant, Pléiade, Gallimard, 1979

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